Domaine de La Marseillaise La Crau
Photo : Virgil Prudhomme

Le Domaine de la Marseillaise : un lieu de fête et des vins en biodynamie

Aujourd’hui, je vais vous parler d’un domaine viticole qui répond au nom du Domaine de la Marseillaise. Contrairement à ce que son nom peut laisser entendre, ce dernier se trouve bien dans le Var, à La Crau plus précisément.

Si j’ai souhaité vous en faire un article, c’est qu’il est un peu particulier (dans le bon sens du terme, je vous rassure). En effet, en plus d’avoir un véritable passé, le Domaine de la Marseillaise produit ses vins en biodynamie. Si ce mot ne vous parle pas, je vous explique tout ça ci-dessous. 

Domaine de La Marseillaise La Crau
Photo : Virgil Prudhomme

L'histoire du Domaine de la Marseillaise

Vous n’aviez peut-être jamais entendu son nom jusqu’ici, mais le Domaine de la Marseillaise n’est pas vraiment nouveau dans le paysage varois. Il est même bien plus vieux que vous : sa naissance remonte aux alentours de 1850. C’était l’arrière arrière grand-père de Fabienne SAUTOU, l’actuelle propriétaire, qui l’avait acheté. Dans les années 80, pour des raisons de santé, le père de Fabienne arrête l’activité agricole et met les terres en friche.

Pierre, vigneron du côté de Carcassonne, rencontre Fabienne et en tombe amoureux. Quelques temps plus tard, Il décide de vendre son domaine pour venir reprendre celui de La Marseillaise. A cette époque, beaucoup de bâtiments sont en ruine et les vignes ne ressemblent plus à rien. Pierre et Fabienne s’attellent à tout replanter et reconstruire. En parallèle, ils créent une activité de ferme-auberge car ils ne récolteront pas les fruits de leurs vignes avant plusieurs années.

Quand les premières récoltes arrivent, ils rejoignent la coopérative de La Crau. En 2002, Pierre récolte ses premiers raisins bio, et en 2003 se lance dans la biodynamie. « Je savais qu’un jour je vinifierais, je ne savais juste pas quand, ni où » me raconte Pierre. 

Domaine de La Marseillaise La Crau
Photo : Virgil Prudhomme

En 2016, alors que les banques ne veulent pas le suivre en terme de financement, il rencontre Gaël. Les deux hommes discutent, Pierre explique son projet et Gaël est séduit. Lui, qui est entrain de vendre son entreprise de travaux publics et a envie de changement, accepte de se lancer dans l’aventure : « Lorsque je lui en ai parlé, le projet lui a tout de suite plu. Moins de quinze jours plus tard, il me téléphonait pour venir voir le domaine » se rappelle Pierre. Ils s’associent finalement en octobre 2016 pour sortir leurs premières vendanges en 2017.

La biodynamie pour les nuls

Quand j’ai entendu le terme de biodynamie, je me suis dit « ça doit être cool ». En réalité, pour être tout à fait franc avec vous, je ne savais pas trop de quoi il s’agissait. J’ai donc discuté un bon moment avec Pierre afin qu’il m’explique, pour essayer de vous le retranscrire. Si vous n’êtes pas sensible à ce que vous buvez et ingérez, et encore moins à l’environnement et la nature, vous pouvez sauter cette partie.

Chapitre 1 : La différence avec le bio

Déjà, il faut savoir que la biodynamie, c’est différent du bio. Dans la démarche, entre les deux, c’est totalement différent. Si je devais vous donner une définition simplifiée de l’agriculture bio, ce serait : « Ne pas utiliser de produits chimiques ». En gros, l’objectif est de tuer les insectes, champignons, etc. sans utiliser ces fameux produits chimiques. La biodynamie, elle, vise justement à utiliser les organismes vivants et naturels pour en faire une force.  En biodynamie on va chercher à regénérer le vivant, pour finalement en faire son allié. Pour remonter à ses origines, selon les dires de Pierre, ce sont les agriculteurs des années 20 qui voulaient redonner aux plantes et animaux la force d’avant-guerre, celle qu’ils avaient avant que des produits chimiques ne commencent à être utilisés.

Chapitre 2 : Du coup, c’est quoi la biodynamie ?

La biodynamie concerne l’agriculture de manière générale. Elle cherche à obtenir un produit qui soit le plus naturel possible et qui corresponde au maximum à l’endroit dans lequel il a été produit. Cela signifie qu’on ne peut donc avoir 2 résultats identiques lorsqu’ils viennent de 2 endroits différents : la terre dans laquelle la vigne a poussé n’est pas la même, le vigneron qui l’a vinifié est une autre personne, etc. Ici aussi, on peut donc noter une différence avec la nourriture biologique : dans le bio, on peut facilement retrouver des produits totalement identiques, normés, même s’ils viennent des quatre coins de la France.  
Domaine de La Marseillaise La Crau
Photo : Virgil Prudhomme

Chapitre 3 : Et les sulfites dans tout ça ?

Pierre m’a également détaillé l’utilisation, les avantages et inconvénients des sulfites. Il assume en utiliser dans ses vins, principalement pour leur rôle d’antiseptique : « Cela permet d’éviter que les microbes se développent car il peut y avoir des bactéries et des organismes dans les vins » m’explique-t-il. Toutefois, leur utilisation dans les vins du Domaine de la Marseillaise est moindre par rapport à beaucoup d’autres vins. Pour exemple : – Certains vins conventionnels utilisent jusqu’à 200 mg/l – En bio, on utilise environ 100 à 150 mg/l – Chez Pierre, on utilise 50 à 70 mg/l Pour produire du vin dit « vin nature », il faudrait utiliser moins de 25 mg/l : « Ce type de vin n’est presque pas protégé et le moindre écart, température, oxygène, etc. peut être fatal. L’idée, c’est quand même que les clients prennent plaisir à boire notre vin, donc il fallait les protéger un minimum » m’a détaillé Pierre.

Chapitre 4 : La différence avec les vins traditionnels

En fait, ce qui différencie totalement le Domaine de la Marseillaise par rapport aux producteurs traditionnels, ce sont les intrants et la technologie. Dans les vins conventionnels, tout est rectifié et analysé : trop d’acidité ? On en enlève. Pas assez d’acidité ? On en ajoute. Le vin manque de saveur ? On y ajoute des levures aromatiques qui ne sont pas ceux du fruit original et on fait fermenter. En fait, tout est corrigé en permanence et à la fin, il reste plutôt de l’eau, de l’alcool et des arômes, pas grand chose à voir avec le vin d’origine. Finalement, si on ne devait retenir qu’une chose, c’est qu’Au Domaine de la Marseillaise, le seul intrant, ce sont les sulfites.
Domaine de La Marseillaise La Crau
Photo : Virgil Prudhomme

Du vin, oui, mais aussi une épicerie bio

Le Domaine de la Marseillaise a sorti ses 4 premiers vins cette année. Une partie d’entre eux est en appellation Côtes de Provence, l’autre partie en IGP (indication géographique protégée). Il propose donc un vin blanc, un vin rouge, et deux rosés« Les vendanges étaient compliquées mais nous sommes plutôt contents du résultat pour un premier vin » me souligne Pierre. Avant d’ajouter : « J’avais en tête le vin que je voulais et que j’aimais, mais ça n’était pas du tout sûr ni écrit qu’on obtienne ce résultat. Dans la biodynamie, on ne maîtrise pas tout de A à Z ».

Domaine de La Marseillaise
Photo : Virgil Prudhomme

A terme, le Domaine de la Marseillaise pense produire 40 000 à 45 000 bouteilles par an. Pour le clin d’oeil, le vin rouge s’appelle Justinien. Il s’agit de rendre hommage à un homme du même nom, l’arrière grand-père de Fabienne, qui a vraiment fait prospérer le Domaine de la Marseillaise.

Aujourd’hui, les vins du Domaine de la Marseillaise sont bien sûr vendus directement au domaine ! Vous pouvez aussi les dénicher dans les différents magasins biologiques de la région toulonnaise. Enfin, plusieurs (bons) restaurants du coin les proposent à la carte.

Sur le domaine, en plus d’y trouver du vin, vous pourrez aussi profiter d’une petite épicerie bio et locale. Jus de raisin, pois chiches, bières, miel, herbes de Provence, confitures, huile d’olive, chèvre frais… Ce sont des produits connus et appréciés de nos propriétaires. Gourmandise assurée !

Des évènements et activités pour tous

En plus de produire du vin, le Domaine de la Marseillaise est également un lieu de vie, d’activité, de découverte et d’évènements : « On a aménagé un joli lieu. L’idée, c’est de créer des manifestations et évènements pour faire venir les gens ici, qu’ils voient ce qu’on fait et qu’ils dégustent sur place » m’explique Pierre.

D’ailleurs, en parlant d’évènements, vous pouvez déjà noter dans vos agendas :

  • Tous les vendredis soirs // La Cantine de Justinien vous propose, sur réservation, de venir déguster des produits locaux cuisinés par Pierre lui-même.
  • Le 21 juillet 2018 // Bloquez tout de suite votre soirée ! En collaboration avec Les Têtes d’Ail et Nos Amis, mais aussi La Bière de la Rade, une grosse soirée animée par le Ginguette Hot Club est prévue !

Si vous avez un anniversaire ou tout autre heureux évènement à fêter, vous pouvez aussi en quelque sorte privatiser le lieu. Le domaine prête le lieu et, en échange, fournit le vin. Au-delà des manifestations et de la privatisation du lieu, vous pouvez venir vous balader dans les vignes et visiter les anciennes caves. 

Informations pratiques

Si vous voulez vraiment découvrir le Domaine de la Marseillaise de l’intérieur, le mieux est de passer un coup de fil avant ou de venir à l’occasion d’un des événements organisés. Je vous conseille d’ailleurs, si vous en avez la possibilité, de visiter la vieille cave et son passé historique. 

Une autre petite chose, personnelle : habituellement, je n’aime pas le vin rouge. Ici, j’ai trouvé un rouge qui ne plaira peut-être pas aux puristes, mais c’est l’un des rares que j’aime vraiment !

Domaine de la marseillaise

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