Il est 16h34 lorsque nous recevons un SMS du groupe Caravan Palace : « Salut, ça vous dérange de nous rejoindre dans 1 heure sur la plage plutôt qu’à la salle de concert pour faire l’interview ? ». Le cadre est posé. Le groupe, actuellement en tournée en France et dans un mois à l’étranger, s’offre une pause détente au restaurant « La Vague », à Six-Fours. Un nom qui peut tout à fait coller avec la déferlante d’énergie et de son que vivra le public le soir-même. L’interview se déroulera au bruit des vagues, à moins d’un mètre de la mer…
Il y a trois ans, le groupe passait par ce même Espace Malraux. Il revient avec un nouvel album : « Après notre dernier concert à Six-Fours en mars 2013, nous avons continué notre tournée et fait beaucoup de concerts, notamment à l’étranger. Après ça, on s’est arrêtés durant un an et demi pour faire un nouvel album. C’est très dur de composer sur la route alors que pourtant on est tous ensemble. On a besoin de cet enfermement en studio pour que les idées viennent. On doit se mettre dedans tous les jours. La tournée c’est plutôt un moment de fête. »
Votre 1er album était un véritable succès, votre 2ème s’est un peu moins vendu…
« Le 2ème album s’est un peu moins vendu que le premier mais nous a permis de franchir une étape, mine de rien. Il y avait un peu de pression car fatalement quand ton premier album marche bien, tes partenaires attendent que le deuxième fasse au moins aussi bien. »
Et là, vous avez sorti il y a quelques mois votre 3ème et dernier album.
« Pour l’instant on a très peu de mauvaises critiques sur ce disque, ça fait plaisir. Il s’écoute dans de plus en plus de pays, les gens connaissent l’album. Faire vivre un album, ce n’est pas toujours très facile et celui-là vit vraiment, c’est hyper agréable. Un troisième album permet d’avoir un set beaucoup plus varié. »
Vous composez ensemble ?
« Nous sommes 4 à composer à temps plein. On a du mal à lancer des morceaux ensemble, on commence notre truc chacun de notre côté tout seul, on s’envoie le truc par mail afin de savoir ce que les autres en pensent et on voit assez vite s’ils sont chauds ou pas. En général si tu as une réponse au bout de 5 minutes c’est que ça marche, quand t’en as une 2-3 jours après c’est mauvaise signe (rires). Rien que pour cet album, on avait le début d’une centaine de morceaux. C’est seulement après qu’on se rassemble tous ensemble et qu’on décide de ce qu’on garde ou pas.
Parfois c’est frustrant parce qu’on nous dit qu’il faut sortir les titres en novembre et l’album ne sort réellement que 6 mois plus tard.
Parfois c’est frustrant parce qu’on nous dit qu’il faut sortir les titres en novembre et l’album ne sort réellement que 6 mois plus tard. Entre temps, il se passe beaucoup de choses, toi-même t’as changé ce que tu écoutes, ce que tu aimes, t’as envie de retoucher l’album mais c’est trop tard car il a été livré. Pour cet album, on l’a un peu joué en concert avant »
Pas toujours simple de passer de l’album au live ?
« On a des bons musiciens et c’est con de les laisser de côté. Donc soit on appuie sur un bouton et tout se fait tout seul, soit on les fait jouer en live. On a du piano, du vibraphone, de la caisse claire, du violon, de la clarinette, de la guitare, de la basse, des synthés, du saxophone, du trombone… C’est très varié et c’est assez équilibré. Quand les gens viennent nous voir, ils veulent voir quelque chose de vivant et c’est ce qui leur plait. »
Dans 2 mois jour pour jour, vous serez…
« Dans 2 mois on quitte nos familles pour partir à 10 000 kilomètres d’ici. On a hâte, surtout les États-Unis, c’est la 5ème fois qu’on y va. C’est des tournées à rallonge, on voit beaucoup d’endroits, on adore. On commence à connaître un peu et donc on sait de quoi on a envie. À chaque fois qu’on va là-bas on fait des salles toujours un peu plus grandes, c’est toujours en évolution. »
C’est une manière de leur faire redécouvrir le swing avec une petite touche de béret-baguette.
« Les Américains sont ravis de découvrir le swing avec ce petit esprit français, car le swing est originaire de là-bas, c’est donc une manière de leur faire redécouvrir avec une petite touche de béret-baguette. La magie de ce style et de cette musique c’est qu’on fait de la musique américaine mélangée à de la musique électro internationale et donc que ce soit en France ou ailleurs, ça marche. »
Diffusion radio
On ne chante pas en français, déjà. Peut-être que nos morceaux sont trop complexes pour passer en radio. Nous on aimerait bien mais notre musique peine à rentrer dans les playlists des grosses radios. Il y a une défiance globale vis-à-vis du style qu’on joue car en 2009, les gens en France ont mangé beaucoup d’électro-swing et quelques années plus tard ils veulent passer à autre chose. En Angleterre, on découvre tout juste ce style et ça marche très bien. Dans 5 ans, ça sera sûrement beaucoup plus compliqué car ils se seront lassés.
« En France on vend toujours des tickets, on complète toujours les salles mais pour notre tourneur parfois c’est compliqué, d’un album sur l’autre il ne sait pas à quoi s’attendre sur la France. Il est toujours un peu sur la défensive en se disant que si ça se trouve, les gens ne viendront plus. Beaucoup de gens connaissent nos grands titres. «
« Aujourd’hui, on est super heureux de tourner à l’étranger, de se confronter à des publics qu’on ne connait pas. On est passés pour la première fois dans l’émission Taratata il y quelques semaines alors que honnêtement, si on devait être purement logiques, on aurait du y passer en 2008 ou 2009. On a eu la chance de pouvoir faire l’équivalent de cette émission dans d’autres pays et on s’est rendu compte que c’était très important. Les gens, selon les statistiques, zappent beaucoup la musique à la télévision, c’est peut-être pour ça qu’on n’a plus d’émissions musicales… »
