Un succès incontestable
Avec près d’un million d’utilisateurs en France et un chiffre d’affaire de 40 millions d’euros l’an passé, le succès de la cigarette électronique n’est plus à prouver. D’ici la fin de l’année, on pourrait même atteindre les 100 millions d’euros, soit concurrencer sérieusement le marché du tabac.
Conservation du geste, illusion de fumée , dosage personnalisé et régressif en font un meilleur moyen de sevrage que les patchs et les chewing-gums. De plus, elle permet de faire des économies : « [Les e-liquides coûtent] entre 5,50€ et 6,30€. Mais il faut savoir, qu’un flacon, équivaut à peu près à 6-7 paquets de cigarettes. […]Quelqu’un qui fume plus ou moins 2 paquets de cigarettes par jour,amortit en une semaine le prix d’achat d’une cigarette électronique à 70€. C’est le prix d’une cartouche. » nous expliquent les gérants du magasin Clop-Zen de La Seyne-sur-Mer.
Comment ça marche ?
Une e-cigarette est composée de deux parties : une batterie et un clearomizer. La batterie alimente la résistance du clearomizer de façon à ce que celle-ci chauffe la quantité nécessaire de e-liquide, apportée par des mèches, et le transforme en vapeur.
Dangers et effets discutables
Alors que les cigarettes électroniques inondent le marché, on en sait encore très peu sur les répercussions de leur utilisation.
Selon les spécialistes, leur dangerosité n’a pas encore été avérée, même si des produits toxiques pour l’homme ont été détectés dans leur composition. Pour l’instant, ces produits restent un substitut moins nocif que la cigarette traditionnelle, permettant aux fumeurs d’avoir leur dose de nicotine sans inhaler pour autant du goudron et du monoxyde de carbone (deux principales causes du cancer). Cependant, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) nous met en garde : « tant que les systèmes électroniques délivrant de la nicotine ne sont pas considérés comme sans danger, efficaces et de qualité par un organe compétent de régulation nationale, les consommateurs ne devraient pas utiliser ces produits, y compris les cigarettes électroniques. Les risques potentiels sur la santé des utilisateurs demeurent indéterminés ». En résumé, tant que des études officielles et approfondies n’auront pas été réalisées, on ne peut écarter l’aspect néfaste de la cigarette électronique.
Au-delà de tout ça, l’e-cigarette ne pousse-elle pas également les non-fumeurs à fumer ? C’est du moins l’idée de Marisol Touraine, la ministre de la santé : « La cigarette électronique n’est pas un produit banal, et il ne faut pas inciter à fumer car elle peut amener des jeunes et des moins jeunes à commencer et à se tourner ensuite vers la cigarette traditionnelle ». Et les fumeurs ne fument-ils pas plus ? C’est ce qu’on peut penser en voyant des utilisateurs « vapoter » à longueur de journée avec leur cigarette autour du cou.
Afin de parer aux abus, une loi interdisant la cigarette électronique aux mineurs a déjà été votée, entraînant dans son sillages deux autres projets : l’interdiction de la publicité pour les « vapoteuses » ainsi que leur utilisation dans les lieux publics.
Un effet de mode ou un réel changement ?
Des fruits, aux bonbons en passant par les imitations parfaites de tabacs reconnus, les e-liquides font partie de ce produit attractif. De même que les différents design, avec clearomiseurs à LED, aussi fins que des Vogues ou aussi gros qu’un cigare, il y en a pour tous les goûts. Malgré la loi interdisant l’usage de l’e-clope aux mineurs, les chiffres ne mentent pas : 6% des 12-14 ans ont déjà « vapoté » sur la capitale. Un geste attirant, de nouveaux goûts à tester hebdomadaires…
C’est une réelle mode qui est née à la sortie des cours des collèges et des lycées. « Et toi, t’as quel goût ? », est devenue une question presque banale pour beaucoup d’adolescents qui ont succombé à l’influence du concept. Après une réelle augmentation des ventes vers Avril-Mai derniers, les ventes de cigarettes électroniques ont soudainement chuté. Les magasins spécialisés continuent pourtant à fleurir, à chaque coin de rue, en face des lycées… « Une affaire qui marche très bien. », nous confie Gabi’.
Il défend la qualité de son produit mais surtout une efficacité incontestable. A quelques mètres de là, un buraliste nous explique que les vapoteurs se remettent vite à la cigarette classique. « Arrêter de fumer tout court, ça demande de la volonté, mais c’est quand même mieux. La mode de la cigarette électronique, c’est terminé. »
Alors, qui croire ? Le mieux reste quand même de ne pas fumer du tout.
Pauline Jabes et Marie-Lys Larroque, pour LeVarois.com
